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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 13:27

Vevey se réfléchit cet été dans les eaux du lac Léman grâce à une exposition placée sous le signe de la Mélancolie, laquelle comme chacun le sait commence avec la gravure de Dürer, à l'humeur ténébreuse et térébrante; puis le thème d'un lac mélancolisé, romanesque et comblé d'épisodes fatals et de sombres crises, fil conducteur de ce parcours d'art et littérature, se poursuit au fil des très beaux tableaux présentés (Courbet,Turner, Kokoshka, Valloton) et se continue ensuite en belles pages d'auteurs. Passé l'inévitable rappel tutélaire de Jean-Jacques Rousseau qui éleva sur ces eaux la pyramide sentimentale de sa Nouvelle Héloïse, et les malheurs de sa Julie « près de ce lac d'amour où l'on se noie » (beau tableau de promenade prêté par le musée de Montmorency), le ton orageux monte et les rives, serrées dans la poigne du romantisme anglais représenté par des textes fougueux enténèbrent l'atmosphère (Byron et Childe Harold, Mary Shelley et Frankenstein, morceaux habilement choisis), sans oublier naturellement notre diluvien et éternel Lamartine sans qui aucun lac ne saurait s'envoler. D'emblée on perçoit la méticuleuse recherche très réussie des organisateurs qui ont mis en contraste pages et tableaux, dessins, films et photos. Les années du XIXe siècle fuient, et arrivent alors les exilés de génie tels que Courbet (qui peignit un château de Chillon phénoménal de puissance, qui fait la couverture du catalogue) – et suivront tous ceux qui, par goût, nécessité, exil, pur amour lémano-romantique, ou fascination pour le site, figurent dans ce discret et très subtil panorama en tonalité sombre et mineure, que présente le musée Jenisch jusqu'au 13 octobre 2013. Au générique de ce défilé de gloires, plus de cinquante noms illustres de peintres, et des écrivains, cinéastes (Duvivier, Godard) , photographes, sans oublier le père de Tintin qui lui aussi ressourçait sa ligne claire avec la ligne à hameçon pour brochets – ou bien naviguait avant de piquer une tête. Œuvres peintes, gravures, aquarelles comme on s'en doute, défilent sous les yeux en nous rappelant quelque lamento fauréen, ou de plus sombres accords : l'eau des lacs, on le sait depuis Bachelard, favorise la rêverie assombrie, la sensation s'y ophélise, et l'humeur de ce lac-mer qui soupire devant ses montagnes, parfois devient tempête et fureur soudaine – l'eau d'ici est fille des cimes orageuses. Faisons un inventaire rapide des œuvres présentes : outre Konrad Witz et sa Pêche Miraculeuse, de 1444, il y a de très spectaculaires Courbet tardifs, des aquarelles visionnaires de Turner absolument magiques – à ne pas manquer. Suivent de très belles toiles de Ferdinand Hodler, des visions surnaturelles de Kokoshka parcourues et agitées de bleus intenses qui étreignent, un étourdissant et énigmatique éclair de Nolde, une assez large gamme de Valloton, des œuvres de François Bocion, le peintre d'Ouchy « celui qui a le mieux compris et le mieux figuré les aspects de notre lac », des gravures endiablées de Louis Souter toutes de furie, et d'autres vues d'eaux qui méditent. Abordons enfin la partie « cinéma » (car cette exposition joint et imbrique tous les genres) consacrée à L'Eternel retour, le film de Jean Delannoy (1943, féerie filmée revisitant le mythe de Tristan et Iseut) à Duchamp (photographiant la chute d'eau du Forestay) et à Godard (King Lear, Forever Mozart). Hergé possède ici un chapitre bien documenté de B.D. consacré aux intentions cachées de l'Affaire Tournesol. Du côté des pages d'auteur, à côté des continents de lyrisme que sont Lamartine et Byron, de nombreux écrivains sont présents ; le style de Ramuz lisse et limpide où tout glisse et se fixe discrètement enchante, mais la liste des textes est longue et riche, soignée, fine, avec des beaux « morceaux », impromptus de prose poétique, qui vont de Rousseau à Balzac en passant par Hugo, Amiel, Cocteau ou Nabokov, et bien d'autres. Amateurs de lacs, voici un kaléidocope de lecture-peinture très harmonieux ! Le commissaire de l'ensemble à qui l'on doit cette promenade de cimes en rivages est M. D. Radrizzani, (assisté d' Emmanuelle Neukomm), ancien directeur de l'institution, qui a orchestré cette belle présentation de peintures, textes, photos, et films qui mérite qu'on ajoute une pause artistique et intemporelle aux promenades lémaniques, souvent contraintes par la seule vision de carte postale du paysage. Le cliché qui associe les vignes en terrasse, les montagnes, l'étendue lisse et bleue, ne doit pas faire négliger la légende dorée des lieux, ni éviter le tête-à-tête avec des œuvres de génie, car la Suisse est un séjour subtil d'artistes, et une collection infinie de sites enchanteurs – tel ce lac Léman reproposé avec bonheur en sa Riviera vaudoise.

 

 

Le musée Jenisch de Vevey est dirigé par Julie Enckel Juliard. Adresse : 2, av de la Gare 1800 – Vevey – tél : 00 41 21 925 35 20 – site du musée  et lien internet : http://www.museejenisch.ch/fre/informations – catalogue  CHF 42,50 ou 35 euros.

 

 

 

(par l'amateur des lacs italiens allant vers les luoghi ameni de  Stendhalie, comme souvent, et qui s'arrêta cette fois à Vevey chemin faisant -- eric levergeois -- le blog elevergois -- car il y a là des toiles qui valent vraiment quelques heures de détour -- et puis lire Ramuz devant les eaux tranquilles...)

 

 

 

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 19:23

Il y avait ici chaque soir, comme une musique du monde descendant au creux des vallées, après les journées chaudes, un vent étendant son filet de soie léger et qui entrait au cœur de tous les êtres, un vent épicé de notes de résine, de menthe et de fleurs sauvages. Il glissait de sentier en sentier, distillait et raffinait son parfum curieux et entêtant, évoquant la caresse de fées invisibles qui venaient danser et faire leurs rondes entre les haies, sous les sapins, les camphriers, les magnolias, avant de tisser la nuit. C'était comme un bras de chaleur douce sorti d'entre les branches ou descendu des monts, et qui nous enserrait, nous entraînait, nous accordait la caresse du monde avec l'approche de la marée violette de l'obscurité. Entouré de tous côtés par ce baume étrange, on se mettait à rêver à ces assemblées de divinités joyeuses, en regardant les premiers oiseaux noirs, en observant ces teintes de verts, de jaunes, percées çà et là par les bouquets d'hortensias qui tout à coup passaient de l'aspect éclatant que leur donnait le soleil aux tons grisés de la confidence et au recueillement. Ce parfum de vie heureuse et de plantes qui faisait littéralement tourner la tête, était fait du suc de toutes les herbes folles, de l'haleine amoureuse du soir, fait aussi d'un immense amour pour la vie qu'on ressentait rien qu'à l'idée de s'y laisser porter, et il jetait le rêveur dans un état second, semblable celui de Rousseau dans sa barque, détaché de soi-même, et comme entraîné dans un courant de pur bonheur qui se continuait à l'infini. Cette haleine du grand large des collines et des cimes, qui revenait les soirs d'été aux mêmes heures, faisait sentir le monde entier à portée de main, et par les buissons, les sentiers, les ravins, reformait comme un collier de parfums de fleurs et de plantes sauvages, exaltait une joie de la nature originelle qui se moquait bien des routes, des maisons neuves, des poteaux et des câbles tirés partout, et ces autres laideurs dont les hommes s'entourent avec tant d'efforts et de soucis pour chercher le bonheur entre quatre murs.

 

 

 

 

(par l'amateur des lacs italiens eric levergeois -- elevergois.com -- à noter que le courrier stendhal 41 a publié très aimablement un texte sur l'évasion de Fabrice de la tour Farnèse "pourquoi Fabrice s'endort-il?" --tous droits réservés -- en priorité aux passionnés de la beauté, donc à quelques Happy Few)

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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 13:07

Comme une ultime fantaisie de peintre errant entre les vents plus frais du soir, une dernière barque de pêcheurs fait vibrer l’étrange cristal de l’eau, et étire en nous la possession de ces ultimes instants déployés  comme la présence agissante du paysage qui s’éteint. Petit détail d’un tableau vivant ou note ultime d’une mélodie faite d’arbres et d’eaux où tremble le soleil effacé qui a laissé ce linceul de soie, la barque unique et fragile est la seule émotion du monde, le présage de la nuit dont pourtant tout nous sépare. Et la silhouette qui trace son chemin banalement entre les rives d’ombre et les montagnes déjà noires sur un fond de soleil en braises, fascine par cet unique instant qui demeure en appelant notre espoir, en éveillant autour d’elle des musiques de rochers, de cimes, où poussent des lambeaux de brumes. Dernière vie, dernière clameur où le récit de la brillante journée de soleil et de bains fait de ces rameurs des promeneurs égarés qui crient au loin, les derniers causeurs du jour presque effacé, tandis que la barque offre une vision des souvenirs lointains de ce matin ensoleillé, de ces rives éclatantes, et de cette joie ultime et de ses promesses. Elle file sur la minute magique et tire des surfaces sombres de métal plissé des mirages de pierre froide, comme la peau d’un granit étoilé et luisant, et ouvre, tandis que le monde verse dans la nuit, l’attention aux splendeurs du monde dans une imitation d’un dernier soir isolé, d’une terre qui annonce sa fin. Alors, nous sentons que passions et rencontres seront possibles, à la faveur de ce passage incertain entre Jour et Nuit, parce qu’une ampleur infinie s’est ouverte, et parce qu’une brève barque esquissée achève le jour et le prolonge en nous comme le son d’un archet,  et elle joue en nous sa tristesse heureuse, comme si les admirables liens du soleil déliés et finissants nous offraient l’infini de toutes les mirages effacés mais retrouvés, que cette petite barque d’un instant renfermait dans sa silhouette.

 

 

(variation sur un contre jour "impression soleil couchant" sur le petit lac de Mgzz, pour les amis qui reconnaîtront -- mélangé avec une aquarelle de Cozens en arrière fond -- par l'amateur des lacs italiens en Stendhalie -- eric levergeois -- elevergois.com -- tous droits déposés et protégés par mon colt --)

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 19:33

Livre Océan ou Livre Symphonie, voici la Grande Biographie de Guillaume Apollinaire par Laurence Campa, spécialiste incontestée des œuvres et territoires esthétiques du barde génial et turbulent, qui de Kostrowistky le monégasque à Apollinaire le visionnaire du cubisme, sut attraper et faire miroiter de toutes ses merveilles le renouveau artistique du XXeme siècle, ses acteurs et leurs courants, qu'il tint sur ses genoux et fit grandir – en bref le livre qui nous conte comment se déroula l'existence composite, baroque, effrénée, opiacée, fabuleuse, pleine d'artillerie érotique et d'artillerie tout court de cet être qui nous apparaîtra toujours entre Rêve et Réalité, celui par qui naquit l'art moderne sous la plume de la critique, et grâce à qui Paris devint le carrefour des novateurs de génie de tous les horizons. Ce livre est épais, complet, et avec la science de celle qui poursuit et augmente l’œuvre de M. Décaudin, (déjà auteure d'une thèse et de plusieurs volumes sur le sujet en l'espace de vingt ans et plus) -- c'est un livre absolument encyclopédique, fouillé, renseigné, annoté avec un souci du détail si implacable que nous aurions peur d'en parler s'il ne nous avait absolument enchantés. En dehors des données connues de tous potaches et badauds, nous relèverons juste quelques scènes, quelques bribes qui nous ont surpris, et vers quoi nous poussons le lecteur candidat à ce festin d'événements où il y a vraiment à se régaler. Armé d'une telle curiosité et d'une telle boulimie de lecture, on s'aperçoit qu'Apollinaire n'eut qu'un seul diplôme de toute sa vie, celui de dactylographe ! On découvre ensuite avec émotion que le grand Whilelm Kostro de la première époque dut terriblement gratter du papier pour gagner son pain (Laurence Campa nous renseigne même sur le contenu du livret d'épargne du poète, en francs de l'époque...) y compris dans des ânerie peu lucratives. La première partie du livre, natürlich, nous fait sympathiser avec l'échec, le grand échec amoureux du Mal-Aimé, etmadame Campa nous fait voyager sur les traces – mais quasiment pas à pas, sans aucun doute, l'auteur a-t-elle fait ce voyage elle-même – d'Apollinaire précepteur de la petite Gabrielle, en Allemagne, pays de promenades incessantes du poète, charmant jardin où les baisers ne poussèrent pas pour Annie Playden, et d'où Apollinaire revint avec l'amertume au cœur du « Mal Aimé », baladin du monde accidenté de l'amour. Tout ce qui suit n'omet aucune rencontre, aucun banquet, (Moreas, Henri Rousseau dit le Douanier, etc.) rencontres et conférences sur la peinture et la poésie, et puis Dalize, et Max Jacob, et Picasso, et Braque, et le vol de la Joconde, et les Futuristes...(le livre contient au moins mille cinq cent noms et même la marque de la pipe en terre de l'auteur célébré, si, si!) et aussi Marie Laurencin, Madeleine Pagès, et Lou et... il ne me manque même pas la soirée où Savinio se meurtrit les doigts sur son piano, ni même une furtive apparition de l'infortunée Mireille Havet. Madame Laurence Campa a le génie de l'investigation scrupuleuse et ultra détaillée – nul doute que ce volume est désormais « la » référence absolue sur Apollinaire et le monde qu'il inventa, suscita, anima, jusqu'à finir brutalement sa vie en artilleur amoureux poétisant au son du canon. Mort de la grippe, mais pas mort à jamais et il devait le savoir lui-même. Amateurs rebelles, magiciens qui sonnez des sonnets aux horizons étirés de la poésie « vingtiémiste » et chantez votre vie aux étoiles, procurez-vous ce livre et retrouvez toute la vie de celui qui prit pour devise « J' EMERVEILLE » – et émerveillez-vous de l'encyclopédisme sidérant de son auteur (auteure) qui nous dit tout sur tout, ou comment sans Guillaume Apollinaire, un seul et Unique être-de-poésie nous manquerait et le Vingtième siècle en paraîtrait dépeuplé.

 

Collection biographie Gallimard, – près de 800 pages – plus de mille noms et références – illustrations spectaculaires – juste 30 euros pour un tel travail titanesque c'est donné – vidéos de mme L. Campa sur le réseau, et deux émissions sur F-Culture, « du jour au lendemain » Alain Weinstein, dont une ce soir, téléchargeable et réécoutable. Pour réenchanter sa vie, c'est tout ce qu'il faut emporter dans ses bagages avant de le lire plusieurs fois de suite.(Paru le 13 juin 2013)

 

Par l'amateur  des lacs italiens, ceci écrit non loin des lacs d'ailleurs, et toujours un volume de la Chartreuse (et Alcools désormais) à portée de la main -- eric levergeois - elevergois.com --  [podcast de l' émission] -- (fluxrss): http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10080.xml

 

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 12:09

Bergotte, qui avait ce matin-là éprouvé comme un vertige de mauvais augure, décida d'aller très tôt à la Pinacothèque de Paris voir un tableau de Ruysdael dont le ciel lui avait paru d'une telle pureté que s'il fallait quitter ce monde, il lui semblait qu'emporter avec lui ce morceau de ciel était une sorte de consolation de toutes les douleurs humaines – au reste,  dans le monde où il vivait, elles étaient devenues si nombreuses qu'elle paraissaient occuper l'espace de toute vision de Paris, dès qu'il sortait un instant, comme si un peintre eût accentué d'un large coup de brosse grisé, mauve et acide, l'atmosphère de la ville et les nuages pesant sur les longues avenues traversées par un crachin très froid,  burinant de ses traits obliques le paysage– mais à la vérité, il doutait que la vie d'un autre monde n'en contienne pas de semblables, les peines vivantes et les autres s'équilibrant dans les deux plateaux d'une même balance. Il se sentait faible, bien plus qu'à l'accoutumée, et n'avait pas réservé son ticket d'entrée par les moyens électroniques, ce qui lui laissait présager le pire. Cependant, il partit presque à l'aube de ce jour-là, choisissant, malgré sa faiblesse, d'y aller à pied, en convalescent qui défie sa dernière heure parce qu'il l'a sentie s'approcher, et qu'il la reconnaît comme celle du combat ultime, se répétant sans cesse que la vue du ciel de Ruysdael, anticipant un état surnaturel situé au-delà du bonheur, comportait un nuage rosé. Mais était-ce bien certain? De rue en rue, cette idée devint obsédante, à tel point que s'il tournait ses regards vers le fleuve, distinguant au loin certains ponts, ou vers des jardins où il avait joué enfant et qui tous lui faisaient des confidences d'aperçus figés, des petits cadres de jadis tendant à son intention une prière bienveillante qui était pour lui la bonne parole inutile que les mourants reçoivent sans pouvoir y répondre ou même sourire, et il se disait: un petit nuage rosé, un petit nuage rosé, paroles psalmodiées qu'un peintre se répète parce qu'il lui faut par ce détail achever sa toile, et qu'il lui faut aussi accomplir cet effort avant son dernier soupir. Il arriva enfin derrière ce temple qu'on appelle Madeleine (c'est involontaire! n.d.a), et s'associa à la foule déjà compacte qui attendait à la porte de la galerie exposant les peintres hollandais. La pluie fine redoubla, perçant son manteau d'hiver, tandis que semblables à ce qu'ils sont devenus, des visiteurs portant sur le visage l'air supérieur que donne un privilège de naissance – qui n'était justement que la précaution d'avoir acheté un ticket par les moyens électroniques et de pouvoir ainsi couper la file des  réprouvés chétifs qui patientaient sous le crachin mordant qui gelait leurs membres  – passaient devant cet homme insignifiant qui n'aspirait qu'à revivre une fois, une fois encore, mais qu'un détail d'une toile de Ruysdael tenait debout, et l'inquiétait, résonnant à tout rompre dans sa tête tel un tocsin: petit nuage rosé, petit nuage rosé.  L'avantage des tickets électroniques en était vraiment un, car Bergotte, tout entier enveloppé dans son sujet, dut attendre longtemps et tenir tête à un hiver de froidure purement hollandaise, tout en recevant malgré lui, depuis que la culture est un parcours obligé des touristes qui s'y rendent dévotement en toute région du monde – comme à une sorte de Compostelle des beaux-arts où la nécessité de croire à la beauté fait obligation de parler des dernières dents de petits enfants ou de leurs mauvaises notes devant un Rembrandt, face à un Goya ou à un Delacroix, ce qui n'est pas si incommode pour les tableaux (ils en ont entendu d'autres) mais peut embarrasser l'amateur hanté par l'idée qu'on puisse seulement en voir un, très rare, arrivé pour l'occasion à Paris – et qui s'engouffraient sous le porche de l'entrée. Mais enfin ce fut son tour, et, s'étant acquitté de la somme à donner à la jeune vendeuse, il garda son manteau humide, et se dirigea vers les couloirs sombres et rouges, pareils à  quelque mise en scène anticipée du Styx où des voix de visiteurs, c'était là le vrai enfer  de nos temps sans outre-tombe, clamaient leur admiration avec des phrases convenues de dissertation et des « je ne savais pas qu'il était né si tôt », adressant aux artistes des remarques somme toute aimables, inutiles et fades réponses aux mystérieuses questions traversant le temps et que dissimulent les oeuvres d'art. Puis ce fut l'instant sacré: la vue légèrement surplombante d'une campagne dessinée dans un halo de douceur, avec au centre un petit village délicieux comme un jouet, et la clarté miraculeuse du jour tombant en éclaircie en  autant de parcelles de jour diamentées et fines, et surtout le ciel. Un ciel qui ne comportait pas le petit pan rosé, mais curieusement se tenait là comme une promesse de bonheur infini, capable d'attirer dans sa douceur duveteuse une sorte d'idée rosée et douce, contenant déjà l'annonce d'une fin d'après-midi teintée d'une rougeur de visage effleuré... mais Bergotte, quoique rassuré et heureux, chancela cette fois-ci atrocement et crut tomber de tout son long. Des visiteurs accourus à lui le reconnurent: « Mais, c'est Bergotte...mais enfin! il devrait être devant la vue de Delft, n'est-ce pas? ...tu te souviens bien, enfin! Sans aucun doute,  Proust dit que c'est la vue de Delft, je ne comprends pas! » Et bercé par ces douces paroles, certain que nul n'oublierait jamais qu'on pouvait être emporté par la vue d'un tableau depuis que son personnage existait de sa vie propre, Bergotte fut transporté au ciel en apothéose – non devant la vue de Delft ni une oeuvre de Vermeer (comme il est dit dans l'Ecriture du Temps Perdu), parce que ce jour-là il y avait bien trop d'admirateurs proustiens extasiés.

 

 

(par l'amateur des lacs italiens et autres magies  stendhaliennes qui prépare un opus sur le choix Cimarosa/Mozart que le grand homme a déclaré aimer selon l'humeur -- voir Cimarosa sur la toile - eric levergeois -- elevergois.com -- to the very few happy few)

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 06:37

On ne peut dire que dans l'éblouissement absolu l'emprise d'atmosphère que révèlent les premières pages d'Arcane 17 d'André Breton, avec son élan incantatoire et cette prose de devin qui va soulevant l'air de Gaspésie avec la science de l'alchimiste et du découvreur. Il est difficile de ne pas y voir, ou même y entendre comme l'ouverture d'une pièce de Bartok où genres, couleurs, territoires, sont tous revêtus d'une substance où l'invention du songe donne une vie d'éclats qui fait que le monde se lève ici tout autre. Breton est toujours lumière d'un soleil levant. Il puise par la manipulation aisée des genres premiers, quelque chose que ses mots ouvrent comme des portes de verre, avec la perfection surprenante de la lame qui découpe dans les jeux usuels du sens des embrasures qui font voir et dépasser l'imaginable. Sur ce territoire de baies immenses et d'oiseaux, au-dessus de vastes ressacs mêlés d'accords de teintes prises aux choses, s'élabore un tableau d'aplats tirés du cœur de pierres et d'eaux jusqu'alors inconnus, et la vie du poète appelle des conquêtes en volutes marines lumineuses. Sur quel plan incliné comme un marbre noir coulent et glissent ces instants – cadencés dans cette prose où toute image est sans retour, indissoluble alliage avec son bruit de coffre à secrets– et se déroule le mouvement en surplomb de ces pages ? A la fois aux aguets dans l'antre des anciens navigateurs, renouvelant des traversées de brumes qui invitent à désigner une aube verte et sous-marine de Gaspard Friedrich, la phrase de Breton quand il tend l'arc de sa phrase, saisit des horizons ; il paraît y dompter, comme les dieux antiques courbaient de leur main les vagues, dans un cercle magique qui n'enserre pas un monde conquis mais le débusque et l'enchante – le secret fabuleux des distances et des images, et ainsi, nous nous ne pouvons que recopier, fascinés, entre la mélopée et le cisèlement, cet andante consacré à l'amour : « Grandes orgues de l'amour humain par la mer, de son mouvement tout abstrait s'engouffrant dans la ville, par le soleil de minuit ouvrant, fût-ce dans un taudis, les fenêtres sinueuses des châteaux de glace, par les vertiges qui se lissent les ailes pour se préparer à prendre en écharpe, qui toute la boucle d'un soir de printemps, qui l'écho sans fin embusqué dans un vers ou dans tel membre de phrase d'un livre, qui la plainte d'une étoile de cuivre... » Il faut tout citer. Il faut ne jamais renoncer à vivre de cette poésie qui dévoile et dévaste et surmonte, qui n'a de mot cible que le sacrement du sacrifice ultime, et dont les scènes séparées donnent sur les accidents qui assurent la vraie présence des poètes. Et la vraie présence du monde, alors il est peu de livres aussi vrais pour indiquer la place des nouveaux jours que celui-ci --un livre qui par ailleurs fut écrit en écho proche et lointain des temps de guerre.

 

 

(Arcane 17 – André Breton --  Livre de Poche Biblio) -- eric levergeois, elevergois.com-- amateur des lacs et entrelacs italiens et de "ces belles montagnes jouent sur mon coeur.." etc...passant émerveillé de Stendhalie. 

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 07:59

Dans les photos d'Atget qui sont comme vides d'air et de sons, et sorties d'un monde médiéval ancien et moderne, se réunissent l'épaisseur d'un temps qui serait celui de Scarbo, celui des grotesques de Gautier, des duels des Trois Mousquetaires et les équipées nocturnes du Raphaël de Valentin de Balzac. Des porches noircis, des charrettes à bras abandonnées, des écrivains sans succès – nous écrivons cela parce qu'il y en eut un rue Dupuytren, au pied de l'escalier, vêtu d'un costume bleu, et qui proposa ses poèmes pauvres pendant près de vingt ans – et surtout des devantures d'échoppes bourrées de balais de paille, de casseroles, d'ustensiles domestiques souvent sous une enseigne énorme qui signe la photo. « Le vieux Paris n'est plus » a écrit Baudelaire ; cependant vers 1900, il en reste des vues par milliers et autour de chacune d'elle on reconstruirait toute une ville. En un cliché, voici de quoi construire une cité antique de nulle part (ou un catalogue des ruines des autres siècles), entre décor de film et réalité borgne, en y ajoutant le grouillement d'êtres laborieux ou illuminés de misère et de faim -- ou de gloire. L'homme qui traverse les époques d'un coup d’œil, celui dont l'imagination feuillette l'album de ces visages de porches de théâtre, sursaute et les croit tous surpris, nus et froids comme des fantômes de ville-cendrillon qui seraient rentrés au logis trop tard, ou traînant des haillons. Mais ce qui surprend et illumine l'intelligence du découvreur, ici, devant ce Paris oriental et composite figé dans un sommeil gélatineux, c'est la démesure : les barges de transport paraissent plus larges que la Seine, les cours découpées en lames de noir et de blanc ont abrité un drame de Dumas, l'escalier sombre d'un hôtel particulier du Marais conduit aux étages d'un palais d'où descendra Swann ou Julie d'Angennes. Rien autant que ces photos ne structure l'édifice d'une humanité variée qui se multiplie au fil des mille intrications. Regarder cette ville-là, c'est encore penser à sa littérature. Alors que nos jours...non, plus d'étagements et de superpositions immémoriaux-- on a balayé les ruines et la transparence, et le génie du temps se moque bien de la mémoire des pierres.

 

par l'amateur des lacs italiens, eric levergeois -- elevergois.com -- toujours partant ou revant de partir en Stendhalie pour écouter l'abbé Blanès dans son clocher ou la "petite lame" qui se brise sur la rive -- to the happy fewer. (de nombreuses photos d'Atget sont accessibles sur Gallica bnf fr)

 

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 04:00

Sur le territoire des rêves qui s'étend très loin au-delà des champs d'étoiles, on se promène, comme un découvreur guettant sur l'horizon bleu sombre l'apparition de terres isolées où se formeront des aubes. Des couleurs bleues montent au ciel comme des flammes où se forment des alliances de tons, repliés comme ceux des fleurs prêtes à s'ouvrir. L'acier et le verre, et la pierre aussi, se mêlent dans la nature sous forme de dessins qui se prêtent au rêve du poète – et il s'engage seul et d'un pas ferme dans cette obscurité où attendent des créations à venir. Quand il saura faire briller entre ses doigts le grain très fin du sable des nuits, quand il fera lever d'un geste des musiques, ou bien révéler le chant des sources par la seule magie de son souffle, de son passage, de son être qui s'étire en tout, il pourra nommer les pays découverts. Mais c'est encore le milieu de la vaste nuit et l'envers du monde ; un silence de houle est là qui ne veut rien oser, et tel un magicien contemplatif, il regarde les voûtes bien dessinées qui relient les sommets des arbres, les sentiers d'un rouge éteint qui s'avancent au cœur des forêts, il voit des montagnes et des fleuves sous l'aspect des anciennes légendes qui se sont tues. Tous les êtres de la nuit ont possédé cette immortalité qu'il pressent, ce but profond des choses, cette recréation du monde qu'il pourrait à nouveau cultiver. Mais ce qui manque à cette grande terre éteinte, ce n'est pas son murmure qui nous parvient comme une écume sonore, c'est un ciel habité de dieux et de déesses, capables de descendre dans les bois, dans les cavernes, dans toute substance vivante, pour y réveiller l'enchantement d'une passion. Il sait que la poésie naissant de tout cela est le réel absolu. Et il se promène, il continue de se promener en guettant dans l'atmosphère grise et profonde un chant pareil à une flûte qui lui prouve que dans leur alchimie étrange, tous les dons de création n'ont pas été recouverts par ce flux et ce reflux monotone d'une mer d'un gris de suie qui ne dit rien et balbutie – sans possibilité de magie.

 

Par l'amateur des lacs italiens -- elevergois.com -- eric levergeois – tous les textes appartiennent à l'auteur et sont protégés par l'ardeur poétique – qui ne plaisante pas -- et accessoirement par mon colt. Dans l'attente d'autres nouveaux voyages en Stendhalie. ( texte composé à partir d' Une vie de héros de Strauss, et des Métamorphoses, du même)

 

 

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 22:03

Certains ont pu dire que la musique ne se convertit pas en mots, d'autres que le cinéma raconte bien plus que le roman parce qu'on y voit simultanément des peintures en mouvement, mais il suffit parfois qu'un sommet soit atteint dans un des arts majeurs, pour que l'on soit étonné de prendre possession de nouveaux sens, pour qu'on soit doté d'un nouveau rayon dans l'âme. Cela suffit à recréer la vie à l'infini et à la multiplier par une ivresse d'espérance qui nous fait nous interroger sur le caractère à la fois sublime et fragile de notre présence. Si la musique est parfois incertaine et vague, elle atteint quelquefois à un sommet d'existence , à un « ici-haut » comme a dit la poétesse Tsvetaeva, qui nous laisse éloigné de tout, embarqué sur des horizons dont on ne revient pas, emporté dans une forme d'extase qui pourrait faire sourire si elle n'était le résultat fascinant d'une voix chantant une partition, et d'instruments conduits avec une majesté tranquille – ils n'ont pour ainsi dire plus de justification que celle d'être œuvre parfaite, et de nous tirer hors du sommeil de la vie presque sans retour. Qu'éprouve-t-on dans de pareils instants lorsque le rêve se substitue aux autres sens, et quand le seul désir qui demeure est l'accompagnement de la voix humaine qui nous porte comme le vent pousse une voile ? On éprouve toute cette magie sans trouver le moindre mot et dans une langue insuffisante, humble et pauvre, sans doute parce que la voix est aussi une comète de mots , un flux d'éclats de diamants, une énigme de sens transfiguré, un mirage d'une nature supérieure, un mystère inventé et travaillé dans un monde qui est toujours ailleurs. Voilà pourquoi, certains soirs de lumière déclinante, avec les beautés de la langue italienne dans laquelle sont écrits les livrets, ont voit que des artistes ont su combiner une étrange mélancolie fatale, pleine de profondeur, de tristesse avec l'éclat lumineux de ces mots de chair de la poésie italienne ; et pour qui ressent la tension de ces volontés contraires et cependant inséparables, pour qui se laisse aller à croire que rien n'est plus vrai de tout ce qui existe sur la terre, à part cette aria douée d'un pouvoir surhumain, il y a comme la connaissance d'une sorte de tragique – surtout si nous pensons, tra morte et vita, à la cantatrice qui n'est plus – Lucia Popp – elle qui pourtant continue de vivre et d'enchanter notre séjour sur la terre.

 

 

(Nous avons utilisé des airs du Serse (Xerxes) de Haendel, et le disque Orfeo D'OR.  Signalons également (en allemand, of course) les Vier Letzte Lieder de Richard Strauss , direction Tenstett -- ) -- L. Popp a aussi  bien évidememnt  un affluent amazonien fr et des pages you_tube) -- par elevergois.com --eric levergeois , amateur des lacs de Stendhalie et autres Luoghi Ameni bien connus. 

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 09:26

 

Bien sûr, nous reconnaissons dans ce beau film l'évocation de la vie d'Aristide Maillol, à Banyuls, en compagnie de sa jeune modèle, Dina Vierny, qui dans les années sombres de l'Occupation, accomplit bien des actes de pur et noble courage, tout en devenant la muse du grand sculpteur. C'est un grand bonheur pour nous de savoir que ce film existe enfin, que les acteurs y sont splendides, et pour célébrer ce film, nous évoquerons une des statues que nous aimons particulièrement:

 

 

            

          LA JEUNE FILLE MARCHANT DANS L'EAU

 

 

 

 

Quel élan merveilleux dans cette statue ! la puissance légère et le balancement intérieur de tous ces mouvements qu’on ne voit pas et qu’on ne voudrait pas voir, d’ailleurs, sont en action pleine, mais  ils sont comme clos sur eux-mêmes, et dans l’attente de quelque immense libération qui révèlera ce qu’ils sont. Il y a une majesté des formes ici qui délicatement se concentre et rentre en soi-même pour mieux nous faire participer à une expression de la Beauté du monde – qui est toujours chez Maillol, comme dans une série de signes du zodiaque où lire des paradis, le monde de la femme. Intense et sublime beauté parce que parfois, comme ici dans cette jeune fille marchant dans les vagues, elle met en place autour d’elle non une scène de marine ou de plage foulée par un corps aux formes jeunes, mais bien plus sûrement l’univers d’un instant élevé et comme un monde d’intensités reproduites par la démarche, un mouvement tel qu’il est représentable en sculpture, c’est à dire ouvert sur les rêves d’un grand artiste. Car, quitte à nous brouiller avec notre amour de la critique baudelairienne qui résonne en nous comme un bourdon de cathédrale, nous osons dire que la sculpture elle aussi a son alchimie. Et par conséquent ses échappées vers des mondes concentrés, divers, et tant d’horizons où rêver. Oui, Maillol fait rêver, et de statue en statue, on surprend en soi un désir de s’envoler, de parcourir des lieues dans un ciel où tout passage serait aisé, car c’est autant le contour amoureux d’un corps de femme que sa calligraphie inspirée qui nous tient en respect. La densité qui pourrait banalement signifier la marque de fabrique de l’artiste, n’est qu’une première étape, et au-delà, il serait surprenant qu’on ne trouvât pas quelque sérénité légère et fluide dictée par l’humeur de l’artiste, par qui le nu féminin, s’associe au monde pour en devenir une sorte de sonate, de fugue, où se décline la merveilleuse puissance d’exister. Aimer Maillol n’est pas si simple : les statues quelquefois sont lentes à passer sous nos regards, elles sont puissantes, elles dominent, mais il suffit d’en être charmé, au coeur de la pensée de ce qu’elles souhaitent nous dire. Lorsque Maillol affine une taille, donne ce mouvement de branche neuve et fleurie à son œuvre, celle-ci nous chante les moments les plus précieux de la joie d’être au monde – et qu’elle recommence, et qu’elle poursuit. Ces statues nous disent la vie inlassablement, car en chacune d’elle semble palpiter une source, une jouvence surhumaine, toujours jaillissante dans le même mouvement de révélation qu’elles portent toutes. Pour ces joies, pour les multiples bonheurs frais qu’il nous arriva un jour de découvrir sans les comprendre – mais tout ce qui nous parle un langage surnaturel se fait comprendre, comme pour les êtres, quelquefois des années plus tard lorsque les paroles méditées s’éclairent – et aussi pour sa vaillance, sa ténacité, le discernement et la vraie autorité d’âme dont elle fit preuve toute sa vie, nous aimerions dire, en mémoire de cette femme extraordinaire que fut Dina Vierny, dont l’élan hante et  traverse bien des statues, un mot léger, alors, pour elle, délicatement nous déposons devant le piédestal d'éternité cette page de poésie. Et nous désirerions qu’on contemple parmi tant de statues, celle ci : – " la jeune fille marchant dans l’eau ", justement, qui à la vérité est une méditation sur l’ivresse infinie de vivre qu'incarna aussi Dina Vierny.

 

 

 

(Dina Vierny nous a quittés le 20 janvier 2009 -- Puisse ce film, où Jean Rochefort, Claudia Cardinale et particulièrement la jeune actrice jouant la modèle, Aida Folch, sont extraordinaires, réveiller et susciter de nouveau un grand amour pour l'oeuvre de l'artiste, et beaucoup d'admiration pour la personnalité hors du commun que fut Dina Vierny) -- voir toutes les références presse sous le titre "l'artiste et son modèle" et surtout allez voir le film. Une visite au musée Maillol, rue de Grenelle, s'impose  évidemment ensuite, 61 rue de Grenelle Paris -7 ) -- par l'amateur des lacs italiens (elevergois.com  eric levergeois)

 

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