Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 22:03

Certains ont pu dire que la musique ne se convertit pas en mots, d'autres que le cinéma raconte bien plus que le roman parce qu'on y voit simultanément des peintures en mouvement, mais il suffit parfois qu'un sommet soit atteint dans un des arts majeurs, pour que l'on soit étonné de prendre possession de nouveaux sens, pour qu'on soit doté d'un nouveau rayon dans l'âme. Cela suffit à recréer la vie à l'infini et à la multiplier par une ivresse d'espérance qui nous fait nous interroger sur le caractère à la fois sublime et fragile de notre présence. Si la musique est parfois incertaine et vague, elle atteint quelquefois à un sommet d'existence , à un « ici-haut » comme a dit la poétesse Tsvetaeva, qui nous laisse éloigné de tout, embarqué sur des horizons dont on ne revient pas, emporté dans une forme d'extase qui pourrait faire sourire si elle n'était le résultat fascinant d'une voix chantant une partition, et d'instruments conduits avec une majesté tranquille – ils n'ont pour ainsi dire plus de justification que celle d'être œuvre parfaite, et de nous tirer hors du sommeil de la vie presque sans retour. Qu'éprouve-t-on dans de pareils instants lorsque le rêve se substitue aux autres sens, et quand le seul désir qui demeure est l'accompagnement de la voix humaine qui nous porte comme le vent pousse une voile ? On éprouve toute cette magie sans trouver le moindre mot et dans une langue insuffisante, humble et pauvre, sans doute parce que la voix est aussi une comète de mots , un flux d'éclats de diamants, une énigme de sens transfiguré, un mirage d'une nature supérieure, un mystère inventé et travaillé dans un monde qui est toujours ailleurs. Voilà pourquoi, certains soirs de lumière déclinante, avec les beautés de la langue italienne dans laquelle sont écrits les livrets, ont voit que des artistes ont su combiner une étrange mélancolie fatale, pleine de profondeur, de tristesse avec l'éclat lumineux de ces mots de chair de la poésie italienne ; et pour qui ressent la tension de ces volontés contraires et cependant inséparables, pour qui se laisse aller à croire que rien n'est plus vrai de tout ce qui existe sur la terre, à part cette aria douée d'un pouvoir surhumain, il y a comme la connaissance d'une sorte de tragique – surtout si nous pensons, tra morte et vita, à la cantatrice qui n'est plus – Lucia Popp – elle qui pourtant continue de vivre et d'enchanter notre séjour sur la terre.

 

 

(Nous avons utilisé des airs du Serse (Xerxes) de Haendel, et le disque Orfeo D'OR.  Signalons également (en allemand, of course) les Vier Letzte Lieder de Richard Strauss , direction Tenstett -- ) -- L. Popp a aussi  bien évidememnt  un affluent amazonien fr et des pages you_tube) -- par elevergois.com --eric levergeois , amateur des lacs de Stendhalie et autres Luoghi Ameni bien connus. 

Partager cet article
Repost0

commentaires