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7 mars 2017 2 07 /03 /mars /2017 20:57

Je rêve d'un pays sublime rempli de ciels orangés qui deviennent sombres avec le soir, et de quelques vues comme en peignit Daubigny, avec des ponts incertains cernant un étang hérissé de joncs, des eaux vertes et roses qui donnent la sensation du « moment » – de l'instant magique du soir qui se voile, s'embrume, se referme en lui-même comme un paragraphe de poésie où tout est aérien, subtil, susurré comme un cours d'eau caressant des pierres. Et puis quelques oiseaux qui viennent dans ce havre désert, libres, que personne ne poursuit et et qui s'approchent dans un suprême silence. La rêverie des instruments naturels que sont les arbres, branches, feuilles, me suffirait pour entendre des mystères. L'heure qui sonne exactement ce moment merveilleux est faite de tons diminués, affaiblis, fragiles et futiles pour les humains, mais si simplement audibles pour celui qui se sent arriver devant les grandes portes ouvertes à deux battants du crépuscule. Pas d'esprits tourmentés, ici, pas d'apparitions terrifiantes. Rien qu'une espèce d'immobilité « divine ». Dans de pareils instants, l'attention est comme tendue vers le frottement d'instruments à cordes à peine perceptibles, et donne une sensation d'émerveillement continué, la perception d'une harmonie révélée par l'âme de la nuit. Quoique disposant d'une vue sur les eaux et sur un ciel qui est bien là, il me semble que le monde glisse vers un autre état de veille, un état d'une beauté qui ne sait rien d'elle-même. Des essences rares et magiques montent de partout avec des sortes de parfums – parfums de regret et de passions lointaines qu'on croyait parties et disparues sans retour. Alors, la voûte qui protège tout cela prend un éclat d'opaline vert, un vert d'océan un peu nacré, on croit habiter ce ciel et on peut croire qu'il nous parle – je ne dirai rien du soir, des nuits étoilées, de l'attirail littéraire qu'on usé toutes les plumes pour la couleur locale, ni même d'une madeleine me rappelant quoi que ce soit. Non, rien de tout cela. Juste des espèces d'ondes vagues, secrètes, ailées, qui se font un chemin vers cette fragilité de cristal ressentie dans toutes les fibres d'un monde plus réel que l'autre. Et l'instant en question fuira sans doute avec la nuit et ses habitants, ses sabbats, ses jeux étranges – mais le souvenir très « romantique allemand » et surtout intensément vécu et éprouvé représente le pays de rêve que parfois le détour d'un sentier me fait traverser comme un courant léger, ou le soupir douloureux d'une joie près de naître.

 

L'amateur des lacs italiens, des rives de Côme et lieux circumvoi- -sins -- eric levergeois -- elevergois.com -- lecteur, liseur,  et  relecteur  de  la  si  divine Chartreuse, et passager clandestin de Stendhalie à tout jamais

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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 07:21

Poussée dans le bar où il triait ses attractions littéraires, entra une jeune fille vêtue de noir, surprenante, étonnante, foisonnement d'un être particulièrement vif et multiple. Sa présence provoqua une attention, la dissolution subite des thèmes de cours, de littérature allemande, les élans vers Novalis ou Trakl, qu' Ulrich traitait encore comme un reliquat d'anthologie. La jeune femme, il le sentit, possédait la clé d'or qui fait tout changer. Ils se mirent à parler de vie, de poésie, d'ardeur, de secrets personnels -- un peu vite. Sa conversation amena des vrais jeux, des bons mots ; elle désorientait, jouait, clavecinait des bribes de chansons, et elle donna, comme on arriva bien vite aux secrets cachés des petits enfants, un signe, un mot, une chanson surtout, qui ouvrit dans cette nuit une autre nuit – belle comme un songe. Etait-elle une réplique de la Fée de l'île de Poe, un être de noblesse surgi au carrefour de la poésie, l'être aux traits parfaits qui crée à travers une vraie panique une entente inconnue, intelligente, subtile? De pareilles messagères paraissent avoir été prévues, lancées dans la vie pour faire retentir un tel enchantement. Le Vous respectueux et distant céda vite  à ce Tu qui sonne comme un pacte, le Tu qui lancé comme la foudre provoque à tout coup une conversion, crée ce « quelque part » où surgit subitement une fraternité, un destin, une camaraderie élevée. D'apparence fragile, hautaine, s'accompagnant d'un verre de vin blanc, (suivi d'autres), l'inconnue parlait, se parlait, se multipliait, se racontait : la voix qui s'échappait de ses lèvres lui fit penser à la sonorité limpide qui signale les énergies jeunes et rebelles, suggérant dans l'air, soudain, quelque aliment sucré et parfumé, comme un vin fait de fleurs et d'épices – comme celui qu'elle buvait. Ils avancèrent sur ce chemin hasardeux, cette légère entente tirée des fibres de l'âme entre affectation et amusement. Ils parcoururent une liste impressionnante de chefs-d’œuvre, dans un cache-cache de citations plutôt savantes, moquées et célébrées doctement, créant l'apparence d'une complicité. Puis ce moment devint privilège, il fut plus intense ; ils devenaient glorieux et maîtres de ce qui les entourait – et soudain apparut ce continent tout aérien, bien plus beau encore, qui fait qu'on se sent plus libre, extasié, au dessus de soi-même – toute chose autour d'eux devenait leur bien, chacune élue à volonté , chacune possédée, collecte d'une sensibilité commune qui ne pouvait se nommer. Les yeux de l'inconnue brillaient comme une pierre verte à peine tirée de l'eau. Elle fixait souvent son regard droit dans le sien; il était diamanté, perçant, parfois naïf et souvent hanté de brumes, peut-être aussi de chagrins. Cependant il s'y jouait une innocence rêveuse qui était parfois mêlée de critiques, de traits d'orgueil qui mettant tout en pièces, déchiraient le quotidien si répugnant. Ulrich se retrouva plusieurs fois balbutiant et embarrassé. Il finit par écouter les phrases qui poursuivaient leur route par degrés, les entendait distinctement se promener dans sa tête comme celles d'une amie capricieuse, entêtée, fantasque...supérieure et très sûre d'elle. Ulrich se rappela une soirée très lointaine où, lors d'un bal à Londres, on attendait de lui qu'il reprît son violoncelle pour jouer --pour la fille d'une comtesse qui d'ailleurs ne vint jamais... Il emporta avec lui toute cette bienveillance touchante, tous ces gestes si personnels, et ayant retenu le prénom de la Mystérieuse passante, il s'éloigna en longeant un haut mur, sous le poème de Rimbaud.

 

 

par l'amateur des lacs italiens et leurs îles, leurs camélias et leurs rives où murmure la vague, "la petite lame" (Chartreuse) de Fabrice pour toujours -- et pour vous qui êtes vous, un souvenir d'Ulrich et Agathe (Musil) , pourquoi pas? --  elevergois -- eric levergeois -- (quelques mastics à corriger)- (impossible de corriger '4 lignes avant la fin...)

 

 

 

 

 

 

 

 

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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 20:40

C'est beau que tu saches ce que j'ai à te dire en l'illuminant de ta pensée, ta pensée qui le comprend, qui l'entretient et me le rend plus clair que je ne l'imaginais. Car ta présence donne une vie à ce qui se dit. Car ta présence donne deux fois un nom aux sentiments qui veulent y trouver leur lieu et leur chair, et ta voix est ce philtre, ce chant, ce bruit clair de ruisseau où les mots et les phrases vivent. Et alors l'origine de notre étonnement devant la beauté du monde s'inverse, comme les serpentins de nuages glissent reflétés dans un plateau d'argent, et je ne parle – si je parle – que pour m'accorder à tout ce que tu donnes à la vie. Doux accompagnement de gestes merveilleux comme des paroles, et des paroles belles comme des mouvements, cadence d'un être musical où la vivacité de l'existence paraît se suspendre, et parfois attendre en jouant de l'essence de la vie comme on joue avec un dé. Tout ce qui est de toi est semblable à la divine poésie. A la rêverie recommencée et interminable de la peinture et tous ses mondes simultanés, parce que tu es semblable à la vigueur des arbres, des fleurs, de l'art entier venant au monde. O, impatience que tu fais ressurgir des plus vieilles larmes ! Je trouve auprès de toi cette chaleur de palme irisée ou de feu de joie qui donne à l'espace qui nous entoure un sens, un éveil, un ravissement de lumière matinale. Il me semble que dans tout ce que nous disons, tout est centre et matière centrale et tourbillon d'origine des plus grands mystères. Et nous sommes soudain sereins, et nous avançons à pas discrets dans un grand dictionnaire de mots d'amour que le vent froisse et déplie, où nous aurons tant et tant de définitions à saisir, à relier, à perdre, peut-être aussi plus tard à désapprendre – mais ces mots auront été notre roman, notre récit et notre fable, toutes les saisons confondues dans un unique élan.

 

Pour "elle" qui se reconnaîtra sans doute, un peu dans le passé et la nuit désormais, --par l'amateur des lacs italiens, rêveur des stendhalies-- eric levergeois -- elevergois.com -- tous droits protégés par mon colt...

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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 14:39

Approcher et même s'approcher dans la réalité d'une sculpture d'Etienne Hajdu, c'est toujours participer à un silence de cristal voulu et pensé par ce « sculpteur-né » qui en toute œuvre revient à sa source, à sa joie de former, retrouve la sève montante et  toujours nous fait contempler comme une aurore. Devant ces formes qui possèdent souvent pour tremplin un motif  féminin, assistant à cette démarche de grâce qui leur donne leur élan et leur intimité – profonde, exigeante, recueillie – on participe à l'émotion montant au cœur d'un rêve. Le regard  prend part à cette méditation, au long travail de désir et d'ardeur qui, pour un sculpteur abstrait, n'a pas brouillé les pistes lointaines ; car Hajdu, on le sent toujours, pétrissait, formait, aimait la matière d'un amour de sculpteur à la fois moderne, mais sensible à la solitude irradiante et épurée des œuvres anciennes : art des Cyclades, art précolombien, figures des cathédrales, formes et vies qui agissent à l'infini. Elles s'élèvent dans ses œuvres en créant un mystère qui en absorbe d'autres. Né en 1907 en Transsylvanie Hongroise, Etienne Hajdu, figure dominante de la Seconde Ecole de Paris dans les années 1950-1970 (et bien au-delà selon nous), s'il fut marqué par l'éclat fulgurant d'un Brancusi dès les origines, chercha à se séparer de l'abstraction pure, de ses aléas informels, pour repuiser à son ardeur propre. Il  sut se nourrir intensément de l'art de faire, de la taille directe du marbre ou de l'ardoise, de matériaux métalliques polis qui firent éclater la fécondité et la richesse formelle, libérèrent son inventivité. Chez Etienne Hajdu, il y eut toujours un surgissement magique, un devenir multiforme, une fascination qui s'épanouit et une vie : La Vie. Des marbres des Années 1950-1960, (on le voit dans l'extraordinaire livre de Juliette Laffon, phénoménal recueil de photos, documents et articles ) on peut citer une Tête de Jeune Femme, 1950 (p. 33 du livre), la fascinante Balkis de 1966 (p. 43), – au musée de Dijon –  puis, lorsque apparaissent les évidements,  le jeu des espaces ajourés, cette Ayama en alumium (1965) – et puis et encore, quittant le marbre, voici l'aspect végétal, les aluminiums polis et rythmés, les Tentatives de métal  de 1962,  qui paraissent danser, enfin les fameuses Grandes Demoiselles, dentelles d'êtres de forêts et de songes (exposées en version bois dans les jardins de Bagneux, en 1980, puis tirées en bronze pour le musée de Grenoble), grandes sonates matérielles où les formes ascendantes et végétales se nourrissent d'air, d'emprise sur l'espace. Artiste comblé, célébré, réclamé pour de nombreuses commandes publiques, ( Ouvrage du vent, 1983, parc Clemenceau à Dijon), salué mondialement, apprécié de Georges Pompidou dont il exécuta le monument à Saint-Flour, Etienne Hajdu disparut – entra dans sa légende plutôt – en 1996. Suivi par la compagne de sa vie, Luce Hajdu, en 2003. C'est l'être profond et la science infinie et intime de la sculpture, depuis ses marbres jusqu' à ses bas reliefs de cuivre, que l'artiste a fait naître avec une aura venue de loin, qu'on peut redécouvrir aujourd'hui à la Galerie Louis Carré, (10, av. de Messine). Son enracinement magique, son itinéraire d' être-sculpteur en devenir et en conquête constante, nous commandent ne nous pencher longtemps sur ses œuvres pour en saisir toutes les profondeurs et les proclamer.

 

 

 

On ajoutera à cet événement le livre-guide-document-critique de Juliette Laffon, (conservatrice au Petit Palais, au Musée d'Art Moderne, et directrice du musée Bourdelle jusqu'en 2010) où les photos innombrables, les textes critiques, les citations, les documents personnels et manuscrits en grand nombre, sans négliger une mise en page d'une finesse rare, offrent une somme extraordinaire. Nous le recommandons à tous les amoureux de la sculpture, pour sa densité et sa richesse. – bien mieux référencée que notre petit article --(HAJDU – de Juliette Laffon, éditons janninck, rue de la Glacière, 34 euros – ou bien se le procurer bien sûr à la galerie Louis Carré, il est vraiment fabuleux !)

 

 

les cinq premières colonnes de ces sites nous montrent des hajdu:

https://www.google.fr/search?q=%C3%A9tienne+hajdu+mademoiselle+la+plume et

https://www.pinterest.com/pin/376261743844035579/

et bien sûr et surtout :

http://www.louiscarre.fr/artistes/etienne-hajdu

 

 

(L'amateur des lacs italiens suspend pour un temps son beylisme parfois outrancier pour n'être, aujourd'hui, que l'admirateur des sculptures, bas-reliefs et autres œuvres d'Etienne Hajdu, tant est puissante la fascination du grand créateur – elevergois  – eric levergeois – )

 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 20:21

Cette atmosphère légère de conte de fées et ces miroirs dont les faces renvoient des profils entre rêve et réalité, c'est la douceur de la nuit surprise par le promeneur qui revient vivre, discret et comme invisible, les vies d'objets voyageant dans la nuit. Le silence est celui d'une mer étale, sans limites précises, si ce n'est cette douce émotion propre à chaque maison des bois qui signale qu'un grand fossé de frissons, de branches et de vents protège la nuit d'alentour et nous accorde la certitude que seuls des sons propices, des passages d'animaux reconnus, des vents familiers et des histoires sans masques ni sorcières seront là, disposés derrière les fenêtres si nous nous levons à l'improviste. Car la magie intérieure vient du grand large du dehors où rien ne pèse, des présages heureux que l'on devine en regardant vers le parc blanc de sommeil, vers les communs qui ressemblent à une demeure pour lutins, et vers les arbres retrouvant à ce zénith nocturne toutes leurs légendes protectrices. Il semble que chaque objet, ayant retrouvé sa destination magique et originelle, tente une approche plus intime au creux du silence, et nous les frôlons sans oser en déplacer un seul, car c'est leur versant inconnu qui pèse dans la nuit qui est la pure matière de ce silence et de cette stupeur songeuse. De la même façon qu'on ne voudrait pas, par le moindre souffle, déranger la musique que nous joueraient les doigts du pianiste au toucher magique, les pas que l'on peut faire dans la maison abandonnée au repos qui se pense et se raconte des histoires, ne doivent pas conduire au geste maladroit qui risquerait d'abattre le délicat château de cartes qui entretient ce silence, et qui semble aussi précieux et sacré qu'une prière dite pour elle seule par la  demeure où tout dort.

 

Paru dans la Revue Europe et sélectionné par JB Para, dont nous avons suivi les précieux conseils. (l'amateur des lacs italiens -- elevergois.com -- eric levergeois passant infatigable des sentiers de la Stendhalie)

 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 20:08

Swann, qui savait que la vie procure des surprises provoquées mais aussi bien d’autres, sournoises, discrètes, ressurgies, et dont le sens peut patienter au creux d’un visage pendant bien des années avant d’être découvert, ou correctement interprété -- à la manière de ce que deviennent les détails des statues lorsqu’un archéologue plus habile que les autres y décèle une puissance cachée qui était inconnue avant qu’il prononçât son avis  -- resta surpris lorsqu’au Bois, l’ayant aperçu de loin et lui ayant fait un signe discret, Adelaïde de Vars, accompagnée d’amies joyeuses qui conversaient sous l’ averse oblique du soleil, l’invita à prendre place à leur table et à se mêler au jeu de la conversation enjouée et désinvolte. Jusqu’alors, Adelaïde lui avait semblé appartenir au clan très réservé des experts en quatuors, en trio de harpes, en violonistes virtuoses, connaissant au sujet des interprètes venant à Paris jusqu’à la date de naissance de leurs enfants, l’âge de leurs domestiques, racontant le tout avec un luxe de détails et de secrets inaccessibles au public non choisi, et même ce qui touchait aux timbres des orchestres, à l’avancée secrète des modes, à la dernière grippe du célèbre pianiste Wallenstein qui d’ailleurs n’avait pas joué aux Italiens la semaine précédente (c’est ainsi que Swann le sut et il opina avec un sourire qui montrait tout  le prix qu'il  donnait à cette confidence) -- puis, à l’improviste,  et tandis qu’il suivait le cours fluide   et musical  de ce badinage, Adelaïde le fixa étrangement de ses yeux qui,   nimbés des lueurs perçant entre les feuilles des arbres à cette heure du jour  lui révélèrent des nuances de calcédoine bleue et d’émeraude mêlées. L’attention soutenue dont elle avait chargé ses regards sur lui en le plaisantant sur un verre d’alcool, qu’il ne terminait pas et qu’elle le poussa à finir en riant aux éclats, mit l’alarme dans son esprit. «Mais enfin buvez, Charles! buvez donc, on dirait que vous vous faites souffrir par plaisir! Et reprenez-en!» et aussitôt, elle héla un serveur qui revint avec des verres pour toute la compagnie. Il se sentait comme la victime d’un jeu d’enfant méritant «un gage».  Puis, l’observant davantage, il lui découvrit une expression qu’elle n’avait jamais eue: non pas celle de la digne fille du célèbre professeur  de Vars, éminent analyste de chirurgie clinique que l’univers disputait à la France (et dont elle avait gardé quelque chose de guindé dans le haut du buste et des épaules) , mais, posée comme un masque -- à moins que le masque ne fût l’autre visage, ce qu’on ne pouvait savoir,  car ce que nous savons de tout être est parcellaire , indistinct et vraisemblablement toujours changeant et mobile -- une charmante association de traits rieurs, engageants, tous soudain révoltés et découvrant un grand désir de rires, de jeux, de babillages sans retenue, à tel point qu’elle en abandonnait même l’ «esprit» des Vars, aussi réputé que celui des Mortemart, pour adopter résolument le sien, pétillant de rires et de fines remarques. Et Swann en  fut ému, sans doute parce qu’elle faisait partie des femmes rayonnant  au centre d’un milieu défini, tissé par les siècles et la transmission des habitudes, aussi fixe que le sont les généalogies dont elle avait paru vouloir sortir un instant, comme le font,  dans les contes fantastiques, les divinités gracieuses des tapisseries accrochées aux murs de château, en descendent par jeu, pour aller danser dans  le parc au cœur de la nuit...(  Alors Swann comprit combien elle pouvait être charmante et le lui écrivit avec humour).(cela pour Anne).

 

Par l’amateur des lacs italiens qui fut jadis atteint de proustatite aiguë (le mot semble avoir été inventé par Edgar Varèse, d’après nos souvenirs d' une lecture faite à Sestrière, au printemps de 1985),un livre prêté par une femme sublime et « étourdissante » …eric levergeois. Tous droits protégés par mon colt. Un salut chaleureux à Marie Merveille aussi, qui sait pourquoi. .

 

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31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 06:02

Auteure d'un remarquable ouvrage sur la comtesse  Greffulhe, justement louangé, chez le même éditeur, Laure Hillerin  appartient à ce  club universel, mondial et secret (les trois adjectifs, comme il se doit!) des lecteurs que Proust fait vivre et rêver, hors des injonctions universitaires et des pensums. Elle nous propose ici un florilège de pointes, de piques, de ridicules, de fautes de goût démasquées et autres rosseries qui émaillent l'Ecriture du Temps Perdu comme des bouffées d'énervement féroces, où Proust charge parfois sans retenue ses Grostesques (pour reprendre un titre de Gautier) d'une plume à la fois fantasque et acide. L'auteur (nous parlons de Laure Hillerin) fait partie des amateurs qui réécoutent l'océan proustien à travers une sensibilité très fine, heureuse, et pour qui la Recherche est avant tout une prière secrète et une espérance esthétique; aussi ne trouve-t-on pas dans son livre des occasions de rire franc et débridé. Mais plutôt, hormis les victimes éreintées de premier plan comme madame Verdurin, la "patronne" et son "petit clan", ou le diplomate Norpois dont le style amidonné et soudain pastiché frise le délire d'un Feydeau, un prince d'Agrigente épinglé, et les répliques feutrées et acides d'un Swann  embarrassé, qui use de fins détours subtils et souverains. La longue et sinueuse phrase de Proust ne cueille pas à froid, elle enrobe de ses tons fauréens une figure distinguée (la princesse des Laumes), ou un homophile notoire (Charlus bien sûr), la  servante  Françoise et sa souffre-douleur Eulalie, puis, soudain, comme qui pousserait du coude un vase précieux et le briserait en mille éclats, elle entraîne le registre vers une raillerie rappelant (de loin) la brusquerie d'Hervé Bazin, le ton grinçant des blagues bruyantes de collège, ou bien nous rappelle les jolies fausses notes du regretté Porstmouth Sinfonia qui mêlait musique vraie en jouant, toute honte bue, une sorte de coulis chaotique de la partition.

 

Dans ce pays mondain qui sombre comme un Titanic, où l'élégance fine (mais pas toujours) jette ses derniers feux, Proust qu'on a souvent désigné comme observateur ou collectionneur visionnaire, faiseur de portraits ornithologiques, zoologiques, et friand de traits de bêtise lustrée et piquante, réalise aussi à travers la Recherche un safari de têtes et de mauvais penchants.  Tout est bien sûr dit de biais, en langage de salon mezzo voce, "entre gens du même monde" qui répèrent les fausses notes. Ce livre créera-t-il de nouveaux lecteurs? On le souhaite. Et pour donner le ton d'un Proust comique, citons ce passage où monsieur de Norpois, le diplomate invité chez les parents du jeune Marcel, inquiets de la vocation littéraire de leur fils, les rassure ainsi: il a un parent qui a quitté le Quai d'Orsay, pour se signaler en matière littéraire par un opuscule remarqué -- et que toute la planète envie à la France, sans doute -- sur "le sentiment de l'Infini sur la rive occidentale du lac Victoria-Nyanza", (ciel!), complété par un ouvrage tout aussi impérissable, sans doute, sur "le fusil à répétition dans l'armée bulgare", (re-ciel!) -- mine de rien, Proust nous glisse là des peaux de bananes pleines de "nonsense" où se ridiculisent certaines espèces de "variétés humaines". On pense aussi à "l'extinction du paupérisme après dix heures du soir", ou à quelque autre tour vachard  pioché dans la correspondance de Mérimée. --

 

Ce livre des rosseries proustiennes est habilement fait sans être bien sûr exaustif (ou est "la dame habillée en orange pour montrer ses quartiers" ?)  et se lira comme introduction à l'Odyssée proustienne, on le souhaite, car c'est un ouvrage conçu avec finesse, par une auteure (il en est peu) qui ne prêche pas jusqu'à hurler son credo dans les oreilles, qui n'est pas une marathonienne médaillée des concours proustiens, mais qui agit avec sa sensibilité, sa familiarité intime avec le texte, et au passage des vagues de pollen précieux que roule sans cesse la brise de La Recherche, indique quelques nuées de parfums vénéneux parmi les meilleurs passages de cette veine.  

 

 

Laure  Hillerin -- Proust pour rire -- Ed. Flammarion, 350 p -- 21 euros -- Par l'amateur des lacs italiens -- eric levergeois elevergois.com  --

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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 18:26

 

C'est souvent vers une sorte de voie lactée parcourue de petits chemins secondaires, marquée par des maisons en voyage, traversée par des bateaux volants, multipliée par des ciels annexes d'où sortent des figures souriantes comme d'un cornet à dés, que les mondes découverts par Paul Klee s'offrent à l'imagination. Au point qu'on se demande quel génie miraculeux a pu produire autant de surprises, de zigzags, d' enchantements qui ont tous pour point commun de créer un monde visuel de liberté absolue : des « verts paradis » définitivement retrouvés et reconquis.

 

Certes, il est vain de tenter de résumer en deux pages un pareil gisement de formes, de jeux graphiques, de traits d'humour, de visions surréelles, mais il n'est pas sans intérêt de raconter à chaque fois qu'on le peut, un voyage sur la planète nommée Paul Klee, tant elle invite à la poésie, à la libération continuée de formes suivant des visions aimablement surnaturelles et qui contiennent, comme par la grâce d'une politesse « enfantine », quelque chose d'accessible et de souriant, une sorte de don aérien qui se veut en retrait au moment où il conquiert les espaces les plus magiques; des tableaux jouets en apparence, que notre esprit pourrait animer d'accents prophétiques, s'il en possédait la clé pour en remonter les ressorts.

 

Si nous laissons de côté – un peu lâchement d'ailleurs – toutes les esquisses et tous les dessins à la limite de la variation, du commentaire, du jeu, de la caricature ou de la dérision qui font des dessins de l'artiste une aventure qui touche à l'être profond de l'art du trait – qui ici devient plutôt « trait d'esprit » décoché avec humour et grâce, il nous reste un infini de formes toutes joueuses, rieuses, moqueuses, musicales par leur légèreté qui fait souffler dans l'imagination un air toujours neuf, la laissant toujours en état de stupeur et de découverte qui nous invite à une transparence du monde telle qu'il n'en existe sans doute pas deux – de l' infiniment petit de la vue la plus simple, au bouleversement immense de certaines créations, où, pour parler comme notre cher Stendhal, nous avons le sentiment avoir devant nous « les cieux ouverts », car les sortilèges spectaculaires (confidentiels, ironiques, caustiques) de certaines vues dégagent de notre monde des inventions, et l'augmentent de mille merveilles.

 

Même si les authentiques spécialistes et gardiens érudits de cet artiste possèdent – bien mieux que nous – la science et l'autorité nécessaires pour inventorier et qualifier l'immense continent de formes, de trouvailles, de surprises, de déflagrations imaginaires, de maîtrise souveraine des couleurs donnant l'impression que certains tableaux se sont « développés » intimement à l'écart de tout effort dans un élan surprenant, où le pétillement de l'imagination créatrice laisse loin derrière lui tout labeur, on nous permettra de rester éblouis, fascinés, « faziniert » par cet inventaire qui de toile en dessin ou en aquarelles, produit un enchantement, une ouverture pour laquelle il faudrait des mots-fable, des mots-musique, des mots-contes-de-fées, ou tout autre tour de passe-passe par quoi une langue s'élèverait elle-même au rang de couleur et de prisme génial fusionnant avec son objet.

 

 

Si un jour la critique inventée par Baudelaire accède par les mots à pareil sortilège, nous en saurons plus. Contentons-nous pour l'instant, pour renverser un vers de Dante bien connu, d'entrer dans les tableaux de Klee, « en abandonnant toute désespérance » pour puiser en chacun d'eux une source d'imagination des plus extraordinaires et des plus fécondes qui soient, pour penser la liberté de conquérir par le génie de la couleur mille planètes, et traversant allègrement tous les espaces.

 

 

Exposition Paul Klee au Centre Pompidou d'avril à août 2016 -- et pour continuer éventuellement,  au Paul Klee Zentrum à Berne, dans un autre édifice enchanteur de Renzo Piano-- par l'amateur des lacs italiens, eric levergeois -- elevergois -- (nda --  pour Pierre et Martine R. qui je crois hésitent encore un peu

 

 

 

 

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 12:40

 

Bergotte, qui avait ce matin-là éprouvé comme un vertige de mauvais augure, décida d'aller très tôt à la Pinacothèque de Paris voir un tableau de Ruysdael dont le ciel lui avait paru d'une telle pureté que s'il fallait quitter ce monde, il lui semblait qu'emporter avec lui ce morceau de ciel était une sorte de consolation de toutes les douleurs humaines – au reste, dans le monde où il vivait, elles étaient devenues si nombreuses qu'elle paraissaient occuper l'espace de toute vision de Paris, dès qu'il sortait un instant, comme si un peintre eût accentué d'un large coup de brosse grisé, mauve et acide, l'atmosphère de la ville et les nuages pesant sur les longues avenues traversées par un crachin très froid, burinant de ses traits obliques le paysage– mais à la vérité, il doutait que la vie d'un autre monde n'en contienne pas de semblables, les peines vivantes et les autres s'équilibrant dans les deux plateaux d'une même balance.

Il se sentait faible, bien plus qu'à l'accoutumée, et n'avait pas réservé son ticket d'entrée par les moyens électroniques, ce qui lui laissait présager le pire. Cependant, il partit presque à l'aube de ce jour-là, choisissant, malgré sa faiblesse, d'y aller à pied, en convalescent qui défie sa dernière heure parce qu'il l'a sentie s'approcher, et qu'il la reconnaît comme celle du combat ultime, se répétant sans cesse que la vue du ciel de Ruysdael, anticipant un état surnaturel situé au-delà du bonheur, comportait un nuage rosé. Mais était-ce bien certain? De rue en rue, cette idée devint obsédante, à tel point que s'il tournait ses regards vers le fleuve, distinguant au loin certains ponts, ou vers des jardins où il avait joué enfant et qui tous lui faisaient des confidences d'aperçus figés, des petits cadres de jadis tendant à son intention une prière bienveillante qui était pour lui la bonne parole inutile que les mourants reçoivent sans pouvoir y répondre ou même sourire, et il se disait: un petit nuage rosé, un petit nuage rosé, paroles psalmodiées qu'un peintre se répète parce qu'il lui faut par ce détail achever sa toile, et qu'il lui faut aussi accomplir cet effort avant son dernier soupir.

Il arriva enfin derrière ce temple qu'on appelle Madeleine (c'est involontaire! n.d.a), et s'associa à la foule déjà compacte qui attendait à la porte de la galerie exposant les peintres hollandais. La pluie fine redoubla, perçant son manteau d'hiver, tandis que semblables à ce qu'ils sont devenus, des visiteurs portant sur le visage l'air supérieur que donne un privilège de naissance – qui n'était justement que la précaution d'avoir acheté un ticket par les moyens électroniques et de pouvoir ainsi couper la file des réprouvés chétifs qui patientaient sous le crachin mordant qui gelait leurs membres – passaient devant cet homme insignifiant qui n'aspirait qu'à revivre une fois, une fois encore, mais qu'un détail d'une toile de Ruysdael tenait debout, et l'inquiétait, résonnant à tout rompre dans sa tête tel un tocsin: petit nuage rosé, petit nuage rosé.

L'avantage des tickets électroniques en était vraiment un, car Bergotte, tout entier enveloppé dans son sujet, dut attendre longtemps et tenir tête à un hiver de froidure purement hollandaise, tout en recevant malgré lui, depuis que la culture est un parcours obligé des touristes qui s'y rendent dévotement en toute région du monde – comme à une sorte de Compostelle des beaux-arts où la nécessité de croire à la beauté fait obligation de parler des dernières dents des petits enfants ou de leurs mauvaises notes devant un Rembrandt, face à un Goya ou à un Delacroix, ce qui n'est pas si incommode pour les tableaux (ils en ont entendu d'autres) mais peut embarrasser l'amateur hanté par l'idée qu'on puisse seulement en voir un, très rare, arrivé pour l'occasion à Paris – et qui s'engouffraient sous le porche de l'entrée.

Mais enfin ce fut son tour, et, s'étant acquitté de la somme à donner à la jeune vendeuse, il garda son manteau humide, et se dirigea vers les couloirs sombres et rouges, pareils à quelque mise en scène anticipée du Styx où des voix de visiteurs, c'était là le vrai enfer de nos temps sans outre-tombe, clamaient leur admiration avec des phrases convenues de dissertation et des « tiens! je ne savais pas qu'il était né si tôt », adressant aux artistes des remarques somme toute aimables, inutiles et fades réponses aux mystérieuses questions traversant le temps et que dissimulent les oeuvres d'art.

Puis ce fut l'instant sacré: la vue légèrement surplombante d'une campagne dessinée dans un halo de douceur, avec au centre un petit village délicieux comme un jouet, et la clarté miraculeuse du jour tombant en éclaircie en autant de parcelles de jour diamentées et fines, et surtout le ciel. Un ciel qui ne comportait pas le petit pan rosé, mais curieusement se tenait là comme une promesse de bonheur infini, capable d'attirer dans sa douceur duveteuse une sorte d'idée rosée et douce, contenant déjà l'annonce d'une fin d'après-midi où flottait la rougeur d'un visage effleuré... mais Bergotte, quoique rassuré et heureux, chancela cette fois-ci atrocement et crut tomber de tout son long. Des visiteurs accourus à lui le reconnurent: « Mais, c'est Bergotte...mais enfin! il devrait être devant la vue de Delft, n'est-ce pas? ...tu te souviens bien, enfin! Sans aucun doute, mais Proust dit que c'est la vue de Delft, je ne comprends pas! » Et bercé par ces douces paroles, certain que nul n'oublierait jamais qu'on pouvait être emporté par la vue d'un tableau depuis que son personnage existait de sa vie propre, Bergotte fut transporté au ciel en apothéose – non devant la vue de Delft ni une oeuvre de Vermeer (comme il est dit dans l'Ecriture du Temps Perdu), parce que ce jour-là il y avait bien trop d'admirateurs proustiens extasiés.

 

Le texte a  été originellement inspiré par l'attente à une exposition de la Pinacothèque de Paris, et bien évidemment par le roulis de la phrase proustienne océanique, qui fut jadis la découverte capitale, complétée par la suite par les cours de Henri Lemaître, O Revau d'Allone, Foucart, (j'en oublie) plus tard P. Dagen, et d'innombrables heures de médiations au Louvre, à Florence, Bologne, Rome -- en qualité de dillettante expert stendhalien -- par l'amateur des lacs italiens -- elevergois-- eric levergeois.

 

 

 

 

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 14:39

Inspiré par les tableaux de Cristina Rodriguez, exposés dans ce joli pavillon de pierre au-dessus des eaux, faites de tourbillons et de lueurs glissantes, murmurantes, miroitantes et pleines de rêveries, tirant de ces peintures récits et soupirs qui nous ont emmenés bien loin dans le surnaturel.

 


                         LA FORET DE LA FEE

 

Arbres mélancoliques qui croissez froids et durcis par l'air du matin dans les allées saturées de brumes pâles, vos hautes branches se baissent pour  protéger le dormeur égaré qui sans force et apeuré par la nuit s'est jeté dans un fourré sous votre arche. Arbres aux longues tresses mêlées de lierre  et aux doigts maigres qui vous tenez comme en prière au carrefour des chemins. Il est impossible de ne pas attendre, dans les sentiers  où vous jetez votre ombre, le passage d'une fée qui vient très tôt saluer la barque rouge du premier soleil montant dans le ciel. Ses cheveux ressemblent à des fougères mêlées de brindilles et de lierre, sa robe est de la couleur mauve des souvenirs et des voix oubliées. Elle a cheminé sur les allées perdues dans le labyrinthe de la forêt toute la nuit pour veiller sur le silence frémissant des clairière et des draps de lande remplis de bruyère et d'herbe rase.  La voilà : elle paraît s'avancer au son distant de notes venues d'un clocher fines comme celles d'un clavecin, son pas est lent et son allure est hésitante. Sa robe un peu déchirée et usée est semée de d'anémones froissées et d'ancolies. Sans s'arrêter, mais en ralentissant légèrement devant chaque grand arbre qui se penche, elle dit un mot avec une voix douce de ruisseau. On voit qu'elle a beaucoup marché pour traverser la grande forêt toute la nuit, et qu'il lui reste ces quelques minutes magiques pour faire deux tours avant de disparaître. Devant un chêne qui laisse filtrer des rayons opaques comme un vitrail, elle décide de s'arrêter. Elle est entraînée par son cœur qui quelquefois, sous l'effet d'un enchantement, a des grands battements très longs,  faits de milliers de notes confondues en une seule qui s'étire. Pour saluer le jour qui forme des feuilles roses, pour embrasser un instant le grand arbre qui entend sa confidence et ses peines, elle quitte le sillon de mousses lumineuses et s'approche de l'écorce qui se fait douce comme  un velours. Après avoir dit son secret et sa prière, qu'elle recommence une fois ou deux avant de prendre une allée qui tourne, la fée aux cheveux désordonnés disparaît et les arbres inspirés par la douceur de sa voix la répètent dans le vent.

 

 

L'exposition "Promenades Enchantées à Genève" se déroule 1 Pont de la Machine , de mai à juillet, et comme nous l'attendions tous, c'est une splendeur -contact-- www.citedutemps.com et tél 00 41 22 818 39 00.

 

L'amateur des lacs italiens elevergois -- eric levergeois.

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