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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 14:31

Penser aux quatre derniers lieder de Stauss, se réciter mentalement des passages approximatifs de la jerusalem libérée du tasse avec «già l’aura messaggiera» et tout le bruit de chants d’oiseaux qu’on y entend comme un feuillage qui vibre, être assis sur un contrefort des Alpes parsemé de criquets qui sont comme des petites fleurs qui volent, pouvoir se dire cinquante fois par jour: que cet instant demeure! et s’y fondre, surtout s’il s’agit de l’heure exquise, et alors voir la lumière du jour amenuisée sur la chaussée du sillon dont on se demande toujours si les piliers de bois très hauts sont ceux de chateaubriand enfant ou d'autres (sûrement..), et laisser la question en suspens, tailler la pâte d’un fromage de chaource fondant comme de la neige, aller réécouter dante dit par benigni sur l’internet, se demander si la descente de croix de rubens qu’on voit si souvent reproduite est celle que Gautier et Gérard allèrent voir en prenant la diligence pour «la blonde aux yeux noirs», se souvenir des arrêts des trains la nuit qui se passent dans un monde entre rêve et réalité, remarquer même si c’est stendhalien en diable, «une femme qui marche avec du génie» dans l’allure, s’arrêter devant les nymphes de jean goujon qui ont des jambes et tout le bas du corps en fuseau de pierre, ce qui inévitablement fait penser à d’autres rêveries innocentes mais tristes: pourquoi juliette, sophie, églantine ou zoë ne m’ont pas aimé car avais-je quelque chose de moins que les autres, et tout de suite penser avec proust, qu’ au fond les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus, se remémorer le goût du sorbet au cassis avec un vin blanc frais, et ensuite penser à la mer couleur de vin comme homère (pas tous les jours quand même), mais se demander, à cause du cassis, si tout le monde appelle le mauve bonnard ce qu’ici nous appelons le mauve bonnard qui est au rouge sombre ce que le parfum de la tubéreuse est aux parfums capiteux, et puis laisser l’exercice en suspens au bout de la ligne, ou mieux, abandonner au bord de la page de sel ou de sable notre pêche à la ligne...

 

Jeu de plage conseillé aux lecteurs de Françoise Héritier, dont nous venons de rouvrir le livre avec émotion et reconnaissance -- s'il y avait un "sel de la vie" pour chaque nation, hum, hum, - par l'amoureux des lacs italiens -- elevergois.com -- eric levergeois

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