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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 18:54

Il nous semble parfois qu’à force de plonger nos regards dans ces espaces de couleur imbriqués, dans ces zones de couleurs parentes et qui exercent leur présence et leur patience sur leurs frontières, quelque chose d’une promesse et d’un accord passionné s’accomplit en nous. Et si ces formes et ces couleurs ont pris  la suite (pour nous) d’une longue passion pour la peinture des fresques, pour Giotto, pour Piero della Francesca, pour Morandi, lorsque nous les interrogeons dans la lumière des passions successives -- auxquelles il faudrait ajouter Dante, Le Tasse, Montale et d’autres promontoires semblables -- il semble presque évident d’attirer l’attention sur l’intensité spirituelle chez Poliakoff. Ce n’est certes pas vouloir orienter l’intérêt vers un quelconque sentiment religieux caché, un néo-platonisme attardé ou quelque émotion dérivée de Plotin. Et pourtant, le «saisissement», l’ardente motivation qui agit en nous quand nous sommes reliés à l’ enquête interminable qui consiste à contempler un de ces tableaux, possède un caractère répété, lancinant, total et frontal qui intrigue. Il y a là un caractère absolu et inquiétant. Le rapport «physique» dont on a tant parlé récemment à l’occasion des deux expositions de Paris, l’agencement des plans, la création répétée par les espaces, les surfaces, les épaisseurs , leurs positions et leurs stratégies, laissent percevoir une très vive «force de caractère» qui s’impose, et impose aussi une abstraction  qui n’est pas creuse, mais qui est débordante, saturée de présence et de puissance intérieure -- encore qu’il soit permis de classer les toiles en plusieurs familles de style, en fonction de leur composition, leurs assemblage ou leur rayonnement. Mais que dire de l’horizon perpétuel qui nous tient en haleine, en suspens, «à l’écoute», et même comme  on l’a dit «attentif au silence» ? Il faudrait pouvoir pousser la porte d’un tel silence. Approfondir les couleurs, les éléments et les teintes est certes la plus noble et la plus légitime des démarches, mais existe-t-il au cœur de cette création un lien plus immatériel, celui-là même qui nous emporte, et où résiderait une autre énigme qui donnerait lieu à une forme d’approche spirituelle? Nos temps prétendent avoir légiféré pour toujours sur ce genre de question -- nous nous limiterons pour le moment à souligner qu’elle ne semble pas totalement neutre dans le cas de Poliakoff, artiste d’un continent fascinant qui n’a pas livré tous ses mystères.

 

 

Par l'amateur des lacs italiens de retour de ses paysages imaginaires et autres " luoghi ameni" et enchanteurs --eric levergeois -- elevergois.com -- tous droits protégés par les règles en usage dans la Chartreuse -- exposition Poliakoff au Musée Art Moderne de la Ville de  Paris, jusqu'au 23 Février 2014 -- catalogue très documenté et subtil -- any questions? follow this link: http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-serge-poliakoff --(please do activate this link, tks).

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