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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 16:50

Avoir toujours le sentiment d'une urgence de vivre passionnée et intense qui s'attache à tout détail d'esthétique, à la rencontre fortuite d'un visage au centre d'un tableau, à cette plaine où flotte comme un vaste étang une étendue de lumière diffuse. Avoir cette attention infinie pour le détail d'une cour, tirée d' une vue d'intérieur hollandais, par exemple, avec les murs faits de touches crayeuses, humbles, humaines, et toujours au centre ce personnage affairé, sorte de métronome de vie aux gestes apaisés. De si loin dans le temps, la rêverie et le soupir des heures réapparaissent intacts, épargnés par le flux rapide qui nous bouscule, et ils sont là comme une sorte d'accès embrumé par où il faut entrer : ici, l'heure commencée et qui s'écoule n'en finit pas, un calme immense se creuse et nous attire, la peinture se déroule dans un silence de lecture. On repensera certes, au texte de Claudel, mais le lire n'annule en rien cette expérience d'aller visiter de tels tableaux où l'on recherchera des vies, des rires, des paroles tendres, certes pas figées dans un silence terne, mais enfin retrouvées sous leur aspect intact et curieusement parlantes – presque audibles à force de présence secrète. L'intimité si souvent célébrée de ces toiles attend encore et toujours qu'on y surprenne la vie – une autre forme de vie – sous une apparence féconde, sans geste exprimant le moindre excès, sans déploiement d'émotion, sans exagération de théâtre. Tout y survient sur un mode inversé, reflété, dans une accalmie tombant sur toutes les agitations, pour réaffirmer une poétique interne d'espaces sans pesanteur. Pareils à ces coquilles que la mer rejette sur le sable, il suffit pourtant de les approcher de soi pour y entendre des concerts de voix, des confidences, des comptines ou des mots d'amitié – tout ce qui peut se dire de secret s'y élance à des hauteurs inconnues. Tout étant perceptible en suivant les accents d'une musique dont les plaisirs se goûtent en suivant des promontoirs où l'immobilité cache la force vive.

 

 

 

 

Après une visite au tableau de Pieter de Hooch -- comme souvent -- par l'amateur des Lacs italiens qui se recréent sans cesse sous le vent plus ou moins gris de ces jours-ci. elevergois. eric levergeois -- en attendant de prochains voyages en Stendhalie -- (le texte de l'auteur cité est l'introduction à la peinture hollandaise)

 

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