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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 08:36

 

Vers le milieu de la nuit, la belle lune que nous avons ici était venue colorer les eaux tranquilles. Elle avait substitué au lac une grande route parsemées d'éclats dansants, avec les lampes des pêcheurs, les vagues qui brillent, des clartés d'une prairie de sable où poussent des pierres rares. Une lumière douce tirait le contour des rives hors de leur sommeil, et le regard suivait cet enchantement de deux ciels profonds glissant l'un sur l'autre. La fluidité des eaux avait pris cet aspect irréel si puissant que le centre de toute vie était à présent le lac doré, le lac enchanté, le lac qui nous parlait sa langue des soirs d'été avec le chant rythmé de la mince petite vague, celle qui revient toujours soupirer ou pleurer. Nous avions pris le large en pensée, et nous dérivions nous aussi, emportés par ce spectacle qui eût pu être partout à la fois composé de toutes les couleurs intimes de la peinture, pourpre éclatante, jaune d'argile rare, violet de fleurs dont la tension varie jusqu'à quelque centre intime où foisonnent nos grands souvenirs. Entre les lances des grands sapins s'agitait une vie qui n'était plus élan terrestre, mais cascade et sauts d'un réveil au dehors de soi vers un autre, puis un autre saut, puis un autre encore. Comme à portée de main s'offraient les ondes de parfums admirablement limpides, un air inquiétant paraissait accorder les sons d'un instrument créant cette vie d'une substance plus pure que celle du jour. Quelle est la puissance qui agit ainsi au cœur du pays des rives, des vallées chaudes, des fontaines isolées, lorsque nous sentons que nous nous abandonnons à elle sans retour? De quels discrets messages la nature enchantée dispose-t-elle pour nous soumettre alors à ses volontés de légende quand elle étend en nous son inépuisable enchantement ? Comme délivrés de toutes les passions humaines que nous aurions échangées contre le séjour d'un pays exotique et brûlant, nous descendîmes par les chemins de cailloux jusqu'à la frontière liquide, pour écouter la chanson murmurée par les rives.

 

Par l'amateur des lacs italiens, repassant par les routes de Stendhalie au cours d'un été brûlant de désert - elevergois - eric levergeois -le dormeur tient éveillés autour de lui tous les pays de livres - comme ici La Chartreuse (excusez les fautes de l'auteur...) 

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